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Nos géographies #3

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Vous êtes vous déjà amusé à traverser votre domicile, lieu le plus familier que vous ayez, les yeux bandés, fermés ? C’est un exercice des plus stressant et la déambulation est très approximative avec quelques chocs par ici et par là. Mais alors, qu’en est-il des malvoyants et aveugles qui se meuvent en extérieur ? Par quels miracles peuvent il aller et venir ? En réalité, il n’y a ici qu’une histoire de travail et surtout de confiance.

Le premier épisode des trois podcasts nous présente Younès, jeune aveugle, Jean-Luc Boissenin son professeur de locomotion ainsi que Claire et Massimo Furlan, metteurs en scène qui découvre le monde de la malvoyance au travers de divers escapades nocturnes.

Le quartier se compose de ponts, de quais, de passerelles, de centre commerciaux, de trottoirs, rebords, bruits, odeurs à foisons tant de sollicitations qui créent chez le citadin moderne ce que G. Siemmens appelle une «hypertrophie des sens». C’est dans ce contexte surchargé que Younès doit réapprendre à vivre et se repérer, lui qui a grandi à la campagne. Là-bas, quelques informations l’aidaient à se repérer mais une fois arrivé en ville, le mobilier urbain se répète et le bruit est omniprésent. Perdu, lui et son professeur de locomotion ont travaillé sur comment réapprendre à être autonome en ville.

C’est au travers d’un parallèle intéressant que Claire et Massimo Furlan nous apprennent à nous comment concevoir ce monde qu’est celui de Younès. Les metteurs en scène nous racontent que c’est lors de balades en forêt qu’ils ont imaginé une représentation qui aurait pour thème la malvoyance. Nous connaissons en effet tous l’univers sylvestre de jour, mais de nuit il revêt une toute autre apparence, plus anxiogène, où chaque bruit peut avoir de quoi effrayer. Pourtant, c’est aussi un expérience riche : on y voit que son corps, à force de pratiquer l’environnement le comprend et le connait, et si la vue n’est plus notre guide, les pieds le sont, aidés par nos autres sens. C’est ce qu’explique Jean-Luc Boissenin : si l’on perd la vue, d’autres sens se développent pour réapprendre à se déplacer le plus surement possible : l’ouïe, le sens kinesthésique, le sens des masses, la podotactilité et le vécu de la distance.

Ce travail permet à l’aveugle de retrouver petit à petit confiance en lui et ses aptitudes pour se mouvoir mais aussi en la ville car comme Younès le dit lui même, il s’agit en réalité d’une mine d’information qui le fait se sentir bien plus en sécurité qu’on ne le pense. Et quand comme lui on a l’opportunité de travailler avec un chien-guide,il s’agit de renouer de nouveau un nouveau lien de confiance pour que l’homme et l’animal avancent plus facilement que jamais au sein des nos dédales quotidiens.