Inauguration jeudi 12 juin 2025 à 18h30
Thierry Boucton présente pour la première fois trois grands formats photographiques à la Maison de l’Architecture.
Pour en comprendre les stratégies formelles, il faut remonter aux origines de ce qui constitue ces images toutes particulières. La création vidéo intitulée « Architecture anatomique en mouvement » est en effet le point de départ d’une installation spatiale de grande envergure au Fort Beauregard de Besançon en 2014, « Extraits – de lieu(x) en lieu(x) », qui traite de la lumière, du mouvement des « corps », de l’architecture et du paysage à travers un dispositif complexe, avec l’envie de montrer comment le corps et ses mouvements s’inscrivent dans un espace…
Nous savons que le corps comme matrice, assimilable à une architecture fut la préoccupation de nombreuses sociétés comme on a pu l’observer chez les architectes Vitruve, Le Corbusier et bien d’autres. Thierry Boucton en fait de même en proposant un dispositif particulier au sein de cet édifice militaire.
Avec l’œuvre vidéo « Architecture anatomique en mouvement », le corps retenu par l’artiste est celui d’un corps en mouvement, à travers une forme à la fois martiale et spirituelle : celle du tai chi chuan. Thierry Boucton capte les mouvements du corps d’un pratiquant de tai chi chuan équipé de balises lumineuses, mouvements quatre fois répétés selon les quatre points cardinaux et captations superposées. Les points lumineux tracent ainsi dans l’espace et le temps une certaine cartographie. Le résultat est une mise en lumière, une mise en espace de points de vue, une mise en situation par le biais des 108 mouvements enchainés qui constituent la pratique du tai chi chuan. La pratique du tai chi chuan repose sur la perfection et l’efficacité du placement osseux tout entier permettant au corps un enracinement (fondations), une orientation (mise en espace), une résistance (jeux en tous sens de forces structurales du corps), économie et énergie physiques, etc. En cela, pour l’auteur, toute cette grammaire et vocabulaire appartiennent au registre du construit et de l’architecture.
Pour l’installation « Extraits – de lieu(x) en lieu(x) », le Fort Beauregard est plongé dans l’obscurité par l’obturation des fenêtres et mis en lumière par des bâches percées, trouées (sténopés) d’après des images arrêtées prélevées dans « Architecture anatomique en mouvement ». Le Fort est ainsi transformé en véritable observatoire astronomique, révélant la lumière du (des) temps et des espaces en mouvement.
Au terme de cette installation, une dernière expérience, la production de trois empreintes de lumière, grands formats photographiques, est menée au sein de ce bâtiment – une pièce du Fort utilisée comme une camera obscura – pour la révélation, la fixation du paysage « encore d’un certain point de vue » par la technique de(s) sténopé(s).
C’est au travers de toute une mise en scène que se joue à nouveau à la Maison de l’Architecture un passé re-composé, ré-activé, qui selon l’auteur participe pleinement au développement et à l’augmentation de sa pensée.
Thierry Boucton procède depuis 1996 à un travail qui relève de la mise en sensibilité des lieux par le biais de l’installation in situ. Le questionnement et l’évocation reste toujours pour lui l’état à privilégier. Sa manière de travailler pourrait aisément se rapprocher de celle de l’architecte-paysagiste qui interroge l’espace par l’expérience sous toutes ses formes imaginables afin de le rendre encore plus sensible.