Vernissage jeudi 19 septembre à 18h30
C’est aux Beaux-Arts de Dijon – d’où il est natif – puis aux Beaux-Arts de Paris, qu’André Maisonnier (1923-2016) acquière sa formation en sculpture, dessin et peinture, disciplines artistiques qu’il poursuit jusqu’à la fin de sa vie.
En juin 1946, l’ATBAT, société dédiée au projet de l’Unité d’habitation de Marseille et dirigée par Le Corbusier et Vladimir Bodianski, recrute des élèves des Beaux-Arts de Paris, section architecture, pour une charrette. Maisonnier est volontaire avec quelques-uns de ses camarades de l’atelier Madelain pour dessiner les plans de la Cité radieuse. La charrette terminée, Bodianski lui propose de rester comme dessinateur. Maisonnier reste à l’atelier de Le Corbusier jusqu’en août 1959. Il travaille durant ces treize années sur l’immeuble de Marseille, les villas Jaoul, la chapelle de Ronchamp, le musée d’Ahmedabad et les projets de la ville de Chandigarh en Inde, le musée d’Art occidental à Tokyo.
Entre octobre et novembre 1955, André Maisonnier – il a alors 32 ans – dessine 16 châssis pour une villa afin d’obtenir son diplôme d’architecte.
La villa à Vesoul est celle d’un hôtelier-restaurateur, Henri Kielwasser, qu’il a rencontré sur le chantier de la chapelle de Ronchamp. Elle est déjà en cours de construction, le gros oeuvre est terminé lorsqu’il présente son projet de diplôme. Maisonnier a carte blanche pour dessiner la maison, pour le choix des couleurs des murs de l’habitation avec l’application de la gamme colorée de Le Corbusier), pour le mobilier et même pour les appareils d’éclairage. Exercice de style, son inspiration est révélée par un de ses carnets de croquis : la villa Savoye, oeuvre phare de Le Corbusier construite en 1925. Mêmes traits, mêmes courbes et même pilotis. Grâce à André Maisonnier, l’héritage de Le Corbusier est transmis en Franche-Comté. Il trouve à Vesoul des artisans extrêmement compétents dont le menuisier-ébéniste Maënnel qui fabrique toutes les huisseries et fenêtres, le claustra du rez-de-chaussée et les meubles. La villa est inscrite au Label « Patrimoine du XXe siècle » depuis juin 2004.
Après la villa Kielwasser, André Maisonnier réalise entre 1959 et 1962 pour le médecin stomatologue une villa à Frotey-lès-Vesoul. « De prime à bord, mon père a été fasciné par le terrain qui est en surplomb par rapport à la vallée. Au dessus de la falaise, il a proposé une forme aimable » explique son fils Claude Maisonnier. Le couple Malitchenko y habite depuis cinquante ans. C’est dans cette splendide demeure qu’ils y ont élevé leurs cinq filles. « André Maisonnier savait que je voulais une maison relativement simple, mais avec un peu d’art quand-même » témoigne Christian Malitchenko, qui connaissait bien l’architecte.
De nouveau pour Henri Kielwasser, André Maisonnier conçoit entre 1955 et 1967 une petite maison sur une île inondable entre Saône et Durgeon, à Chemilly près de Vesoul. La maison est posée sur un soubassement en forme de pile de pont qui met la maison à l’abri des crues et on retrouve les fenêtres en longueur, le toit-terrasse, le plan et la façade libres… Si le bâtiment peut se lire comme l’incarnation de l’architecture moderniste en pleine campagne, certaines particularités et notamment sa situation insulaire, confèrent une personnalité unique à cette villa. Ainsi, un fort parti-pris sculptural se lit dans cette architecture, à travers le rejet des pilotis latéraux au profit du soubassement-socle, ainsi qu’à travers la prouesse de l’escalier flottant, liaison immatérielle entre le sol et cette architecture-sculpture.
À Le Corbusier, il montre régulièrement ses sculptures qui lui dit un jour « Maisonnier, faites faire un bronze de votre pigeon » pour le monument du souvenir à Ronchamp.